Abstract

Au Nord comme au Sud, les politiques de rénovation et d’intégration urbaine témoignent de la marchandisation croissante des territoires populaires. La littérature scientifique insiste sur les processus de gentrification et de déplacements de population associés à ces dynamiques, et interroge alors la production violente de l’espace urbain essentiellement à travers l’action de l’Etat et des promoteurs privés. Eclairant une zone d’ombre de cette discussion, cet article propose d’étudier les formes de violence et de mise en marché opérant dans les circuits informels de la production urbaine et portées par d’autres acteurs, à travers une figure émergente des marchés fonciers et immobiliers en Amérique latine : les groupes armés illégaux. À l’aune de la capture récente du marché foncier informel par les organisations criminelles de Medellín, l’article analyse la manière dont les droits fonciers sont distribués, légitimés, ou contestés à l’échelle locale. Nous soutenons que le contrôle des groupes armés se traduit par la mise en œuvre violente d’une prédation foncière qui redéfinit les formes de valorisation foncière, d’accès à la terre, et d’habiter dans les quartiers populaires, faisant de l’accumulation prédatrice une matrice de la production urbaine.

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