Abstract

La seconde chute de l’homme, celle engendrée par l’expérience de la babélisation, est une préoccupation centrale de Paul Auster, qui exprime une position ambiguë sur le pouvoir des mots. Dans ses poèmes, le langage est systématiquement présenté comme un instrument inadéquat. Cependant, ses écrits, dans leur itération même, tendent paradoxalement à révéler la force créatrice de la poesis. Ceci nous amène à nous interroger sur le dépassement des limites du langage opéré par Paul Auster. Afin de mesurer le rôle de la négativité dans son œuvre poétique et d’évaluer ses élans mystiques, il convient d’étudier son recours à l’absence d’image, à la représentation du silence et à l’expression de l’inexprimable. Esclave de la temporalité et d’un vocable étouffant, le poète s’exile dans le langage et se heurte aux murs de l’indicible. La figuration contradictoire d’une subjectivité fuyante et d’une mimesis défaillante conduit Auster à déterrer les pierres d’une “ nonterre” promise (Unearth). Dans cet univers poétique sans image, l’ombre du verbe plane sur la page blanche pour ne laisser apparaître, en négatif, qu’une re-présentation imparfaite. Il s’agira de déchiffrer ces traces artificielles rédigées dans une langue obscure, où les mots s’avèrent les “cendres” d’un discours poétique informulable et informulé, s’inscrivant comme reste.

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