Abstract

Alors que les travaux concernant les effets de la précarisation du salariat sur le syndicalisme s’intéressent surtout aux conditions d’émergence de mobilisations collectives, cet article s’intéresse plutôt aux dimensions ordinaires de l’activité de délégué·es issu·es de trois secteurs précarisés du marché de l’emploi (grande distribution, maisons de retraite, sous-traitance industrielle), rencontré·es au cours d’une enquête ethnographique menée dans deux unions locales de la Confédération générale du travail (CGT). Grâce au décentrement que nous proposons en nous focalisant sur les formes routinières de l’action syndicale, nous mettons tout d’abord en évidence l’importance des tâches à caractère scolaire qui constituent le travail militant, ce qui nous amène à souligner les difficultés que rencontrent ces délégué·es en raison de leur manque de capital culturel. Dans un second temps, nous expliquons que ces engagements s’avèrent relativement coûteux et faiblement rétribués, si bien qu’il est difficile pour les délégué·es de tenir leurs responsabilités. À travers ces différents axes d’analyse, nous montrons que des mondes du travail précaires sont synonymes de formes précaires d’engagement syndical, si bien que l’on assiste moins à un véritable renouveau syndical qu’à la constitution d’un syndicalisme bridé, en marge des lieux historiques d’implantation militante où évoluent d’abord les fractions stables des classes populaires.

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