Abstract
Resume Dans la schizophrenie, la rechute jalonne l’evolution de la maladie. Les rechutes schizophreniques entrainant une hospitalisation sont marquees par l’arret du traitement. Or, cette raison souvent invoquee par les therapeutes est rarement avancee par les patients ou leurs proches. Deux questions se sont alors posees a nous : l’arret du traitement cache-t-il une origine ? Et cet arret est-il veritablement la marque d’un echec ? L’abord psychopathologique definissant le plus souvent la schizophrenie comme un defaut de symbolisation, d’une part, et, d’autre part, l’abord phenomenologique etudiant le rapport entre evenement et psychose nous ont fait opter pour une methodologie utilisant les life events pour mener notre etude. De plus, la symbolisation est particulierement impliquee dans les rapports sociaux qu’entretient un sujet avec le monde. Ces rapports sociaux sont etudies par les echelles d’evenements vitaux, ce pourquoi nous avons mis en place la recherche suivante : une recherche portant sur une population constituee de patients schizophrenes ayant deja ete hospitalises au CHS Valvert dans l’annee qui a precede leur rehospitalisation et etant sortis avec le diagnostic de schizophrenie. Cette recherche s’est faite sur l’ensemble des pavillons d’entrants, et ce, pendant une annee, du 1er fevrier 2001 au 31 janvier 2012 ; il s’est agi d’interroger chaque patient sur les evenements s’etant deroules depuis la precedente hospitalisation a partir d’un entretien clinique et de coter ces evenements sur une liste d’evenements vitaux. Nous avons retenu comme liste le PERI Life Event Scale [5] , tout en retirant quelques evenements non adaptes a cette population. Cette liste permet une double evaluation qualitative et quantitative. Pour une passation facile et rapide, afin qu’elle soit uniforme dans l’ensemble des services, nous avons mis en place une equipe de cotateurs par pavillon. La fidelite des mesures est assuree a partir de deux mesures de ces parametres en deux temps differents (test-retest espaces de huit jours), chez les memes sujets ; notre liste comporte 102 evenements. Les evenements ont ete classes selon leur domaine de survenue (Travail, Affectif, Foyer, Logement, Activites sociales, Sante, Avoir des enfants, Affaires legales). A chaque evenement est attribue un poids qualitatif evenementiel. Les resultats de cette recherche ont montre : dans tous les cas, il existe au moins un evenement avant la rechute mais en fait les deux tiers des patients en presentent au moins trois. Nous pouvons faire l’hypothese que dans les cas ou un seul evenement est implique avec un score inferieur a 500 (score moyen), c’est l’arret du traitement qui entraine l’hospitalisation, non pas du cote du passage a l’acte, mais de l’acting-out. Dans les autres cas, nous pouvons au contraire supposer que c’est la succession des evenements qui a entraine l’hospitalisation, les premiers ayant ete entendus par le therapeute ; le domaine de survenue des evenements le plus frequemment evoque par les patients est de loin celui concernant le foyer, ou plus precisement la variation de la composition de celui-ci ou des modes de communication a l’interieur de celui-ci. Cela donne une indication quant a une vigilance toute particuliere a avoir dans ce domaine de la part des soignants au decours du suivi d’un patient schizophrene ; sur le plan qualitatif, meme si 73 % des patients ont un score superieur ou egal a 500, la repartition des scores et leurs ecarts-types rendent compte d’une dispersion importante. L’hypothese que nous emettons pour rendre compte de cette dispersion est que ce qui va retarder la rechute ou la decision d’hospitalisation depend des relations transferentielles entre le patient et l’equipe soignante et de la reactivite de cette derniere. Sans entrer dans le debat autour de la part etiologique des evenements de vie dans la schizophrenie, notre recherche permet de mettre en evidence que l’origine des rechutes schizophreniques est plus a rechercher du cote d’une defaillance du systeme symbolique chez des patients qui n’arrivent plus a « penser » ce qui leur arrive, et cela meme face a des evenements en faible quantite et de faible importance. Nous en avons deduit, par l’interpretation de l’arret du traitement en l’expression d’une demande d’hospitalisation, que le traitement medicamenteux etait une condition necessaire mais pas suffisante. Les personnes ayant en charge des patients schizophrenes devraient etre particulierement vigilantes a la facon dont les patients interagissent avec des evenements inherents aux domaines que nous avons etudies en ayant le souci de les aider a verbaliser, a penser. Meme si les rechutes des patients schizophrenes doivent etre evitees, et c’est par une meilleure comprehension de cette maladie qu’elles pourront l’etre, il est interessant de ne pas y voir qu’une dimension d’echec et d’entendre l’arret du traitement comme une demande d’aide de la part des patients vis-a-vis de l’equipe de soin dans une dimension transferentielle.
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