Abstract

Devenu écrivain après avoir annoncé la mort de la littérature, Roger Caillois élève la fiction au rang de modèle réduit de l’univers. À ce titre, la fiction n’œuvre pas seulement au décentrement de l’humain mais encore au dévoilement de l’univers sans l’homme. Le présent article s’attache à l’examen de cette contradiction en faisant, avec Rancière, le pari que « la vie de la littérature est la vie de cette contradiction » : l’utopie d’une liquidation de la littérature, loin de mener Caillois au désistement, lui donne la justification d’écrire. Jusqu’à la fin de sa vie, cet ancien compagnon de route des surréalistes et co-fondateur du Collège de sociologie, n’eut de cesse de jeter les bases d’une poétique généralisée, où les éléments les plus disjoints de l’univers révèlent leur fraternité souterraine, l’onde d’une pierre se propageant jusqu’à la chambre d’échos du poème. Des fables aux pierres, Caillois propose un nouveau partage du sensible qui ramène l’homme au tissu naturel dont il provient et le réconcilie avec la syntaxe de l’univers. Le concept de « pétrification littéraire » envisagé par Rancière à la suite de Sartre permet d’éclairer ce geste à la fois littéraire et politique par lequel Caillois nous met à l’écoute des pierres et de leurs sérénités plus qu’humaines.

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