Abstract

Voir apparaître les traces de la persécution au cours de déplacements migratoires, c’est ce que propose cette étude de cas, fondée sur l’examen des trajectoires de migrants arméniens originaires de l’Empire ottoman, privés de leur nationalité par la Turquie kémaliste au début des années 1920, contraints à l’exil. Tournant le dos à un monde disparu, ils émigrent des ports de Méditerranée orientale vers une Europe occidentale en quête de main-d’œuvre, ou vers les Amériques. Ces départs, en raison des formalités qu’ils requièrent, ont conduit les réfugiés arméniens à faire des déclarations aux autorités dont il reste quelques mots dans une liste ou un formulaire. De sorte qu’une documentation administrative, conçue pour identifier les personnes et contrôler les passages aux frontières, en vient à délivrer des indices de la destruction génocidaire qui a frappé les Arméniens ottomans durant la Première Guerre mondiale. Le suivi des itinéraires agit donc comme le révélateur d’un passé violent et invite à une réflexion méthodologique sur l’emploi, par l’historien, de sources ordinaires sans rapport direct avec les persécutions dont il entend traiter.

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