Abstract
Nous analysons en cet article le rôle du chef de parti dans le comportement électoral canadien. A partir des données d'une enquête effectuée en trois comtés de Hamilton, avant l'élection fédérale de 1968, notre recherche porte sur l'impression faite, dans l'esprit des électeurs, par les chefs des trois principaux partis; puis nous examinons l'effet de cette perception sur le vote projeté. D'après nos résultats, le chef libéral M. Trudeau imprima – davantage et mieux que M. Stanfield et M. Douglas – son image dans l'esprit des votants, et ceux-ci semblent y avoir réagi favorablement. Nous cherchons ensuite, de façon empirique, l'origine de l'appui dont bénéficiait M. Trudeau: selon cette analyse, si le chef libéral a pu entraîner des électeurs abstentionnistes à participer au scrutin, il n'a suscité aucun appui particulier de la part des électeurs de tel sexe ou de tel groupe d'âge spécifiques. A la lumière des mêmes données, il ne semble pas que les questions débattues lors de la campagne aient spécialement marqué l'élection de 1968; l'intérêt des électeurs pour ces débats ne les amena pas à favoriser tel chef de parti plutôt que tel autre, sauf pour la question des relations entre Canadiens français et anglais.Une relations significative apparaît, dans notre analyse, entre l'impression faite par les chefs de partis et le vote projeté. Une fois contrôlée la variable d'identification partisane, cette relation n'est plus valable que pour les électeurs non engagés; toutefois, en ce cas, elle est indépendante des différences de religion, d'origine ethnique et de classe sociale. Donc, parmi les électeurs non engagés, le principal facteur déterminant le vote est l'impression laissée par les chefs de partis. La même influence joue lorsque des votants changent d'allégeance politique.En conclusion générale à cette recherche, il nous apparaît que l'image des chefs de partis est l'un des indicateurs les plus importants qui permettent de prévoir les résultats d'une élection. Le vote des partisans déclarés est partiellement déterminé par des facteurs invariables tels que l'identification au parti, l'origine ethnique et la religion. Cependant, parmi les électeurs non engagés, qui constituent environ le quart de l'électorat, ces facteurs sont absents ou bien ils n'exercent qu'une très faible influence; pour eux, l'image des chefs de parti détermine bien davantage le vote. Après de plus amples recherches sur cette relation entre la perception de « l'image » des chefs politiques et le vote, nous pourrions étudier avec fruit les croyances et les attitudes chez les électeurs, de même que les « images » qu'ils ont des différents « leaders ».
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