Abstract

L’intersexuation est un terme parapluie qui désigne les variations des caractéristiques sexuelles. Bien que 1,7 % à 4 % de la population soit né en dehors du cadre de la binarité sexuelle, les corps des personnes intersexuées sont pathologisés et nécessitent, selon les médecins spécialistes, une « réparation ». Cette stigmatisation institutionnelle se concrétise par le recours à des interventions chirurgicales d’assignation de sexe ou par des traitements hormonaux, justifiés par des prémisses socioculturelles se basant sur des normes hétérosexistes. Les discours médicaux s’appuient moins sur des dangers sanitaires, physiques et psychologiques de la patientèle intersexuée qu’à la sauvegarde d’une bicatégorisation sexuée. Alors que les individus présentant des variations intersexes revendiquent leur droit à l’autodétermination, notamment par le respect de leur consentement libre et éclairé. Les chirurgies d’assignation de sexe, motivées et orientées par la binarité de sexe, construite historiquement, conduisent à deux types d’injustice épistémique. Une analyse philosophique conceptuelle de l’injustice testimoniale et de l’injustice herméneutique permettra de comprendre le processus d’invisibilisation de l’intersexuation par le biais de la relation épistémique entre les personnes intersexuées et les médecins.

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