Abstract

Alors que la majorité des recherches s’intéressant au concept de la « convivialité » ont mis l’accent sur les dimensions performatives de la civilité interculturelle, nous proposons ici une exploration de ses dimensions éthico-morales, surtout son lien avec les discours cosmopolites. Cet article repose sur une étude ethnographique menée auprès des membres d’une église évangélique de Nashville, au Tennessee, qui tente de réimaginer son rayonnement social auprès des non-chrétiens (religious others). S’interrogeant sur leur éthique traditionnelle du prosélytisme, ces membres mobilisent le principe de mutualité interpersonnelle et cherchent à développer des objectifs civiques communs avec les non-chrétiens. Nous observons que les visions sur l’idée de vivre avec la différence, soit avec les non-chrétiens, s’expriment comme une tension fragile entre les valeurs concurrentielles de leur vision de l’hospitalité, qui est à la fois évangélique et pluraliste. Plutôt que d’observer les changements entrepris par les membres, comme l’émergence d’une disposition cosmopolite, nous soutenons que cette ambivalence morale est un aspect constitutif d’un savoir distinct sur l’éthique des relations sociales en contexte pluriel. En ce sens, cet article propose une remise en question du caractère normatif du cosmopolitisme en tant que barème moral de la pensée pluraliste dans les conceptualisations anthropologiques de la cohabitation interculturelle. En conclusion, nous proposons qu’afin de mieux comprendre les discours religieux sur l’éthique des relations sociales en contexte pluriel, les chercheurs se questionnent sur l’influence de la pensée cosmopolite sur le cadre conceptuel de la convivialité et envisagent un engagement plus profond avec le travail intellectuel et éthique de nos interlocuteurs, qui va au-delà de la notion d’incommensurabilité des valeurs.

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