Abstract

Jusqu’au début du XIX e  siècle, les représentations schématiques n’ont pas trouvé de place dans les traités de grammaire. Tout au plus un format tabulaire s’était-il lentement imposé en lexicographie afin de faciliter la consultation des articles. Ce mode de représentation visuelle était étranger au « style collectif de pensée » des érudits dans le domaine des humanités. C’est l’intuition d’une analogie entre l’évolution des espèces et celle des langues qui a ouvert la voie à un style de pensée ouvert aux représentations schématiques et en premier lieu aux arbres visualisant la généalogie des langues. L’approche du raisonnement visuel, appliquée par l’immunologue polonais Ludwik Fleck à son secteur de recherche dans les années 1930, a anticipé celle de ‘paradigme scientifique’ due au sociologue de sciences Thomas Kuhn en 1962. Avec ses ‘diagrammes existentiels’, Charles Peirce a tenté sans grand écho au tournant du XX e  siècle d’appliquer le « raisonnement diagrammatique » aux fondements de la logique. Ronald Langacker a eu plus de succès avec les diagrammes iconiques de sa Grammaire Cognitive un siècle plus tard. Mais c’est surtout en linguistique historique que la controverse initiée dans les années 1860 par Hugo Schuchardt sur la pertinence du Stammbaum des langues indo-européennes d’August Schleicher a eu les répercussions les plus tardives, puisqu’avec les nouveaux « arbres de consensus » de la « phylogénie des langues » les représentations arborescentes sont à nouveau à l’ordre du jour ( cf. Gray et Atkinson, 2003 ; Brown et al. , 2008 ; Lipps et al. , 2018 ; Heggarty et al. , 2023).

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