Abstract

Notre attention, ciblée par la société hyperindustrielle (Bernard Stiegler) est l’objet d’une économie (Yves Citton), et ses modalités de capture prennent la forme de stratégies anéantissant « (…) les processus d’individuation psychique et collective qui caractérisent la vie de l’esprit. » (B. Stiegler). Nous observerons comment les artistes actuels, par leurs dispositifs immersifs, captent notre attention sur ces phénomènes disruptifs et ces stratégies de désindividuation de l’humain. Avec Tino Sehgal, la captation devient un mode de création prompt à remplir l’espace du Palais de Tokyo de poésie visuelle, sonore, et de récits imaginaires. Le spectacteur devient l’un des rouages d’une immense « machinerie » performative, entraîné par des acteurs performers à vivre différentes expériences immersives gratifiantes, teintées de relations interhumaines. Pour Maurizio Cattelan le détournement d’attention est employé comme un procédé de captation qui retarde la perception pour, in fine, nous sidérer, et dénoncer des politiques génocidaires. Piéger le spectateur au coeur même d’un white cube scénarisé, tout en choquant sa conscience, revient à l’alerter sur les dangers de la désindividuation produite par « un monde sans ombre, illuminé 24/7, amputé de l’altérité (…). » (Jonathan Crary). Enfin, à l’ère de l’anthropocène, de la disruption sociétale et de la dénoétisation planifiée par l’industrie culturelle, une alternative humaniste en marge des marchés spéculatifs internationaux, celle de la société des Nouveaux commanditaires, réhabilite l’individu psychique. Le spectateur-citoyen y est instauré en coauteur d’une oeuvre fondée sur « la confiance pour s’entendre et non plus par un acte d’autorité. » (François Hers).

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