Hegel and Sylvia Wynter on the Problem of Human Self-Interpretation

Abstract

Dans « Unsettling the Coloniality of Being/Power/Truth/Freedom », Sylvia Wynter soutient que l’auto-cognition humaine de l’Europe occidentale a pris une forme adaptative pour servir ce qu’elle appelle « Man 1 » (le sujet libre, rationnel et politique) et « Man 2 » (le sujet bioéconomique). Selon Wynter, il serait nécessaire de faire advenir une forme d’auto-cognition humaine non adaptative et universelle, n’excluant pas la majorité de l’humanité, et qu’elle appelle homo narrans . Je soutiens que la distinction établie par Wynter entre l’adaptatif et le non-adaptatif est cruciale, tout comme la nécessité de considérer les conséquences oppressives, pour le contact interculturel, de l’adaptatif. Je montre que ses arguments résonnent de manière significative avec les idées centrales de la vie éthique et de l’esprit absolu chez Hegel, et je fais référence à ces idées clés pour renforcer ses objectifs critiques, tout en suggérant de réviser son analyse de la manière dont ces modes de connaissance opèrent dans la culture humaine. Je soutiens que les pratiques de l’ homo narrans , en tant que pratiques de l’esprit absolu, sont toujours immanentes à la spécificité concrète des domaines que nous expérimentons comme notre chez-soi, et qui encourage l’adaptation dans la connaissance. Je soutiens de plus que nous mettons en œuvre des pratiques de transcendance précisément en prêtant attention à leur caractère corruptible et en favorisant le développement des contextes concrets dans lesquels elles s’inscrivent. Enfin, je me tourne vers la conception de l’ homo narrans en analysant la manière dont Hegel rend compte de la tragédie antique et moderne, et en montrant comment l’activité expressive est une capacité à raconter de nouvelles histoires qui reconfigurent les relations de l’humain avec le monde et avec lui-même, et ainsi les transforment continuellement.