Abstract

Précis Dans la lignée de travaux récents sur l'histoire des masculinités scientifiques et l'histoire sociale et culturelle des intellectuels, cet article propose une relecture des origines de la discipline historique centrée sur la partition entre espace public, monde privé et sphère professionnelle. Dès les années 1870, les ambitions nouvelles de l'histoire-science redéfinirent en profondeur la persona savante, l’épistémologie disciplinaire et l'identité collective des historiens. Ce tournant scientifique favorisa l'institution d'un monde d'entre-soi professionnel et masculin, précipitant ainsi la rupture avec le « grand public » profane, dont les femmes étaient l'incarnation la plus immédiate. En parallèle, ces chercheurs assignaient à l'histoire, « école du citoyen », d'importantes fonctions morales et civiques. Ainsi s'explique le discrédit jeté, en des termes charriant un profond imaginaire de genre, sur les travaux jugés trop étroitement érudits ou sur la « petite histoire », anecdotique et littéraire. Cet article met enfin en lumière la sphère privée des historiens, en insistant sur l’économie domestique du travail historiographique déployée au sein de l'espace du couple. Ces principes de vision et de division des mondes historiens ne manquent pas de générer des échos éminemment actuels, qui demeurent des objets de réflexivité collective pour la discipline d'aujourd'hui.

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