Démythisation dialectique et reconstruction sémantique de la dyade maître-disciple dans L’Enfant-pluie de Francis Bebey

Pierre Suzanne Eyenga Onana

doi:10.31743/ql.5018

Abstract

Dans L’Enfant-pluie de Francis Bebey, l’apprenant Mwana brûle d’envie de devenir grand. Sevré pour ainsi dire de ses parents, il est obligé de vivre au village aux côtés de sa grand-mère Iyo. Il fonde sa quête sapientiale journalière sur un questionnement répétitif qu’il formule à l’endroit de son maître. Mais par-delà la fascination de l’enfant et face à l’immensité des modules de formation, quels types de liens singularisent-ils son rapport à Iyo ? Un accompagnement didactique pour le maître ou simplement une guidance pour l’apprenant ? En adossant notre analyse au diptyque phénotexte-génotexte qui sous-tend l’approche sociocritique d’Edmond Cros, nous organisons notre travail en deux grandes parties. D’abord, nous scrutons les composantes thématiques qui articulent l’apprentissage de Mwana en montrant à chaque fois comment l’artiste-écrivain stylise cette thématique pour enfin interroger la vision du monde qu’il postule à travers son écriture.

Highlights

Éduquer un enfant, dit-on trivialement, c ’est gagner un homme
L ’accompagnement du maître dans le cadre de l ’apprentissage du disciple repose sur un questionnement formulé en sens inverse par le guide lorsque le disciple le soumet à un interrogatoire
D ’abord, nous scrutons les composantes thématiques qui articulent l ’apprentissage de Mwana en montrant à chaque fois comment l ’artiste-écrivain stylise cette thématique pour enfin interroger la vision du monde qu ’il postule à travers son écriture

Summary

Des considérations phénotextuelles et génotextuelles de l ’apprentissage

Considérés comme la strate énonciative grammaticalisée dans le dispositif sociocritique de Cros, les phénotextes « sont à envisager comme des formules de la signifiance dans la langue naturelle, comme des remaniements et des refontes successives du tissu de la langue » (Cros, 2003, p. 56). C ’est la scène qui réalise le gros de l ’apprentissage du disciple dans sa quête de maturité auprès de sa grand-mère Iyo. Le disciple axe ledit apprentissage autour des questions multiples formulées sur la base d ’une rhétorique du tâtonnement. A ce moment-là, il faut que la reine lui ouvre son palais ; – [ ...] En tout cas, ce n ’est pas complètement faux. Le disciple Mwana donne ainsi au maître, Yango, à travers les verbes proleptiques « irai » et « fera », la démonstration du niveau d ’apprentissage, de maturité et de confiance où il se situe auprès d ’Iyo lorsqu ’il déclare à Ekalé : « j ’irai lui parler [...] Je sais sur lui une toute petite chose qui le fera taire » Pour parvenir au seuil de la grandeur et se faire (in)former, le disciple aura été exposé par son maître à des modes d ’enseignement variés qu ’il importe de scruter

Des modes d ’enseignement

Le questionnement-guide

Des rapports didactiques entre disciple et maître