Abstract

À la croisée des années 1920 et 1930, en France, plusieurs femmes reporters – soit Maryse Choisy, Magdeleine Paz, Marise Querlin, Luc Valti et Adrienne Verdière Le Peletier – s’emparent du sujet de la prostitution. Cet article interroge ces enquêtes afin d’examiner le regard féminin porté sur cette question et sur la figure de la prostituée. Il met en lumière les ambivalences des reportages, qui hésitent entre la reconduction de stéréotypes prégnants de l’imaginaire de la prostitution, hérités des enquêtes sociales et de la littérature du xixe siècle, et l’invention d’une vision neuve du problème. La figure de la prostituée est au coeur de cette tension : à la fois victime et criminelle, femme pure et impure, ordinaire et marginalisée, elle marque les reportages de sa voix et des aventures de son corps, tout en fournissant à la femme reporter un symbole social et réflexif. Elle lui permet en effet de dénoncer certains aspects qui touchent plus généralement la condition des femmes françaises de l’entre-deux-guerres, les inégalités de genre et de classe, mais aussi de dire quelque chose de la condition un peu marginale qu’ont en commun la fille publique et la femme reporter, à l’identité mobile et hors-norme.

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