Abstract

Cet article explore les liens entre cartographie, systèmes d’information géographique (SIG) et espaces d’enfermement. Dans une perspective de réappropriation critique des SIG, il postule que des logiciels grand public tels que Google Earth peuvent contribuer à une contre-cartographie de l’extension carcérale à l’ère contemporaine. Appliquée à la prison de Champ-Dollon (Genève, Suisse), cette approche se montre pertinente pour déconstruire et contester le mythe des petites prisons suisses à vocation « humaine ». Les apports de la démarche contre-cartographique sont mis en évidence à plusieurs niveaux. D’un point de vue méthodologique, l’étude de cas illustre la manière dont les fonctionnalités d’exploration spatio-temporelle de Google Earth peuvent être exploitées ; en cela, l’article propose une méthode permettant d’appréhender les « circuits » carcéraux, réplicable à d’autres contextes. D’un point de vue épistémologique, elle révèle une dimension encore peu explorée du tournant punitif : celle de son encastrement dans le territoire et de sa matérialisation paysagère et architecturale. Enfin, d’un point de vue politique et transformatif, dans le sillage de Gill et al. (2018), l’article signale les potentialités des SIG comme outils de résistance à la prolifération actuelle des espaces d’enfermement.

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