Abstract
Quelles sont les implications politiques d’une hospitalité dans le contexte de domination coloniale ? Quels sont les problèmes qui se placent dans la détermination de l’identité de l’autre comme politique institutionnelle ? Dans ce travail, il s’agit de s’appuyer sur la dimension aporétique intrinsèque à la notion de l’hospitalité derridienne pour interroger la perspective coloniale de l’accueil. La pensée de l’hospitalité chez Derrida est alors avant tout un questionnement du concept même de l’accueil placé toujours du côté de « la raison du plus fort ». L’auteur remet en question même l’accueil le plus généreux, en soulignant l’ambiguïté qui s’établit entre hospitalité et pouvoir. Cette aporie établit une offre de l’accueil qui se retrouve inéluctablement reliée au point de vue du dominant, du colonisateur, de celui qui, dans la dissymétrie du pouvoir, dans l’autorité du « je t’accueille chez moi », s’impose sur l’autre.
Highlights
La notion d’hospitalité est un concept majeur dans la théorie éthico-politique de Derrida
La remise en question de l’identité comporte un effort pour dissoudre tout autant les essentialismes philosophique, théologique, éthique et politico-institutionnel de l’identité, que l’opposition dichotomique entre le «Je», le «nous», les autres, mais aussi entre le chez-soi et le chez-l’autre
Il s’agit d’une disruption du savoir accueillir, d’une hospitalité qui n’est pas du point de vue de l’autre, parce que l’opération de l’accueil doit exister là où nous ne connaissons pas même le point de vue de l’autre, de tout autre
Summary
La notion d’hospitalité est un concept majeur dans la théorie éthico-politique de Derrida. Il s’agit de s’appuyer sur cette dimension aporétique pour penser la notion de l’hospitalité selon Derrida ainsi que la remise en question de ce même concept, lié d’après lui à la perspective coloniale. L’hospitalité ne serait pas simplement une notion appliquée à des cas spécifiques mais comporterait des questionnements intrinsèques dès lors qu’elle-même est l’objet de sa réflexion. L’offre de l’accueil se retrouve inéluctablement reliée au point de vue du dominant, du colonisateur, de celui qui, dans la dissymétrie du pouvoir, dans l’autorité du «je t’accueille chez moi», s’impose sur l’autre. A partir de cette notion d’hospitalité coloniale, Derrida reprend la définition de la tolérance, pour faire la critique de l’hospitalité comme typologie du dominant. Ceci ouvre à une pensée déconstructrice des multiples formes de souveraineté, à savoir celles du «Je», de l’«État», du «territoire» et de la «Loi»
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