Abstract

Cet article revient sur l’appel fait par Robinson Crusoé à tous les chrétiens, dans Serious Reflections , de lancer une croisade contre païens et musulmans — croisade à la fois évangélique et militaire, visant à convertir tous les volontaires à la foi chrétienne, et à éliminer les païens récalcitrants. Comme le montrent les deux premiers volumes de ses aventures, Crusoé (et avec lui Defoe) ne doutait pas de pouvoir convertir les habitants des Amériques et de l’Afrique sub-saharienne, mais l’Asie et l’Afrique du nord lui paraissaient cause perdue. Defoe croyait-il réellement à cette proposition qu’il fait énoncer à Crusoé, incarnation de l’esprit rationnel et pragmatique de l’Angleterre protestante ? L’écrivain tolérant qu’était Defoe cherchait-il à dénoncer le fanatisme affleurant sous les sages méditations spirituelles de Crusoé et sous ses positions coloniales supposément « bienveillantes » ? En s’appuyant sur l’ouvrage de Claude Rawson sur les contradictions de la rhétorique génocidaire de la première modernité, et en prenant en compte les changements d’attitude face à la notion de guerre sainte (y compris dans les écrits de Defoe lui-même sur la violence coloniale), cet article montre que la croisade proposée par Defoe peut s’interpréter comme réel effort de sa part pour saisir les problèmes religieux dans le monde. La proposition génocidaire de Crusoé révèle la peur profonde de Defoe de voir la chrétienté menacée ; mais son expression sous forme d’un récit de fiction indique aussi les réticences de l’auteur quant à la mise en pratique d’un tel plan.

Full Text
Paper version not known

Talk to us

Join us for a 30 min session where you can share your feedback and ask us any queries you have

Schedule a call

Disclaimer: All third-party content on this website/platform is and will remain the property of their respective owners and is provided on "as is" basis without any warranties, express or implied. Use of third-party content does not indicate any affiliation, sponsorship with or endorsement by them. Any references to third-party content is to identify the corresponding services and shall be considered fair use under The CopyrightLaw.