Abstract
Durant la guerre, le cumul de tensions, d’angoisse et de traumas collectifs forme un « bouillon de culture » des plus favorables à l’émergence et à la prolifération des fausses nouvelles, des rumeurs et des légendes. La première d'entre elle, l'espionnite, explose dès les premières heures du conflit. L’arrière est alors le théâtre d’une véritable explosion chauvine conduisant nombre de civils à traquer sans relâche cet « ennemi de l’intérieur » diabolisé par la propagande sur la barbarie allemande. En Bretagne, cette psychose a été savamment préparée par des publications d'avant-guerre dénonçant la présence sur les côtes d'une « avant-garde de l’armée allemande ». Dans ce contexte, rumeurs et ragots fantasmatiques pullulent et créent une suspicion envers tout ce qui sort de l'ordinaire. Ces fausses nouvelles, parfois relayées par la presse, se répandent essentiellement par voie orale, par le biais des blessés, des permissionnaires ou encore des réfugiés. Elles transitent généralement par les principaux noeuds de communication, tout spécialement les gares. Ainsi abreuvées de rumeurs et de légendes, les populations de l’arrière s'impliquent activement dans cette traque de l'espion, dégénérant en violences populaires vengeresses et irrationnelles d'autant plus embarrassantes pour les autorités qu'en l'occurrence, ces espions sont partout imaginaires.
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