Abstract

Résumé Cet article s’intéresse au spectaculaire processus de transformation morphologique des animaux de rente qui s’est accompli en Europe occidentale de la fin du XVIIe siècle à la fin du XIXe siècle. Il met en évidence des stratégies, à la fois concurrentes et complémentaires, de transformation anthropique de l’animal d’élevage, mobilisant des acteurs, des institutions, des techniques et des compréhensions différenciées de la reproduction et de l’hérédité, en France et en Angleterre. Si la biopolitique d’État française diffère de la libre entreprise des élites sociales rurales britanniques, les deux paradigmes convergent toutefois dans la production de discours et de pratiques visant à disqualifier les usages paysans en matière d’élevage et de reproduction animale. Pourtant, en dépit de leurs différences et de leurs succès initiaux, ces deux paradigmes zootechniques n’ont pas réussi – à la fin du XIXe siècle – à imposer l’intégralité de leur programme aux paysanneries. Par un surprenant retournement de situation, à la faveur de l’affirmation d’un mouvement de contestation intellectuelle et morale de la zootechnie, les paysanneries, dans leur diversité, opèrent à leur profit une étonnante appropriation synthétique de ces paradigmes reproductifs.

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