Abstract

L’intérêt que David Graeber portait aux pirates de l’Âge d’or (1690-1730) était directement relié à ses préoccupations socio-anthropologiques concernant le présent. L’enjeu de cet article est d’analyser le paradigme pirate qu’il a ainsi développé, de le confronter aux pirate studies et d’en faire ressortir la perspective anarchiste qui a toujours été la sienne. Là où des historiens lisent dans les pirates de purs reflets des Léviathans qu’ils arraisonnent, Graeber attachent en effet son regard sur des pirates et des métis pirates ayant créé d’étonnants modèles sociaux dont l’égalitarisme et le caractère profondément acéphale sont pour lui des sources d’inspiration. D’anthropologue anarchiste, Graeber devient donc Capitaine Graeber, anthropologue pirate. En tant que tel, il se défait de toute assignation au « destin », qui plus est celui qui prophétiserait l’« effondrement » de l’imaginaire politique et donc des sociétés humaines. Car la piraterie est précisément l’« antidestin » qui permet de penser par-delà la peur des Grands Monstres et de trouver de la lumière au milieu des plus sombres errements.

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