Abstract

L’article prend le contrepied de la thèse selon laquelle la vraisemblance serait la principale mesure-étalon de la recevabilité d’une fiction. Arguant du fait qu’il y a toujours quelque chose d’invraisemblable dans le sujet d’une fiction – les fictions réussies, à ce sujet, ne sont pas en reste –, l’article avance l’hypothèse qu’une certaine dose d’invraisemblance est consubstantielle à la nature même de la fiction. Cette hypothèse est mise à l’épreuve d’une bande dessinée qui, par son côté imprévisible et transgressif, bat en brèche les paramètres qui sous-tendent l’évaluation de son degré de vraisemblance. Loin d’être l’expression d’un vice de forme poétique, les aspects invraisemblables de cette fiction (Poulet aux prunes de Marjane Satrapi) sont la clé d’une stratégie de mise en cause méthodique et délibérée des paramètres culturels qui façonnent le rapport de la société à l’imaginaire fictionnel. Mimétisme aidant, la portée de cette mise en cause s’étend à toutes les situations de la vie réelle qui ressemblent aux situations représentées dans la fiction. Se renouvelle ainsi la vocation inscrite dans le tournant phylogénétique qui a présidé à la naissance des toutes premières fictions : repenser en termes non-dogmatiques le rapport de l’homme aux croyances, en adoptant à leur égard une attitude mentale plus distancée et critique : le « faire semblant ».

Talk to us

Join us for a 30 min session where you can share your feedback and ask us any queries you have

Schedule a call

Disclaimer: All third-party content on this website/platform is and will remain the property of their respective owners and is provided on "as is" basis without any warranties, express or implied. Use of third-party content does not indicate any affiliation, sponsorship with or endorsement by them. Any references to third-party content is to identify the corresponding services and shall be considered fair use under The CopyrightLaw.