Cet article analyse les différentes phases de la révolution industrielle en Russie pour montrer que celle-ci a suivi l’exemple des pays de l’Europe de l’Ouest, avec des exceptions notables. Commençant plus tardivement que dans des pays tels que la Grande-Bretagne, la France et la Belgique, elle a pu bénéficier de transferts de technologie, d’abord en provenance d’entreprises britanniques, puis d’entreprises allemandes, suisses et belges. La Russie a également développé une politique en faveur de la formation du capital humain, qui s’est concrétisée, au cours de la seconde moitié du XIX e siècle, par la création de collèges techniques pour la formation de la main-d’œuvre pour l’industrie textile et l’industrie lourde, puis pour les chemins de fer, la construction, l’ingénierie mécanique et la chimie, devenant avec les États-Unis le leader mondial pour l’éducation technique juste avant la Première Guerre mondiale. Cet investissement dans le capital humain lui a permis de substituer des spécialistes russes aux spécialistes étrangers, notamment britanniques, à partir des dernières décennies du XIX e siècle.