Jusqu’au referendum du 23 juin 2016, l’Irlande du Nord, vue de Londres, pouvait sembler une question reglee. Depuis 2007, elle etait geree conjointement par les deux ennemis historiques du DUP et du Sinn Fein et les institutions prevues par l’accord de partage du pouvoir de 1998 fonctionnaient sans veritable accroc. Mais le vote, majoritairement anglais, en faveur du Brexit est venu bousculer un equilibre qui demeurait relativement fragile. Ce resultat a projete sur le devant de la scene la question de la partition de l’Irlande, materialisee par la frontiere qui la divise en deux juridictions et qui, au nord, divise la population au sujet de sa legitimite. Le hasard a voulu que les elections anticipees voulues par Theresa May en 2017 ont donne au DUP, parti fonde par Ian Paisley, un role determinant. De fait, c’est l’opposition des 10 deputes unionistes democrates a tout traitement differencie de l’Irlande du Nord qui a bloque la mise en œuvre du Brexit et qui a provoque de nouvelles legislative anticipees en 2019. Des hasards de calendrier ont fait aussi que cette impasse politique a coincide avec le centenaire de la guerre d’independance irlandaise et le cinquantenaire du mouvement pour les droits civiques et du debut des Troubles. Il importe donc d’analyser les elections du 12.12.2019 en Irlande du Nord en relation avec les soubresauts politiques a Westminster, avec la question de la frontiere physique et du Backstop impliquant l’Union europeenne et la Republique d’Irlande. Si ces controverses incessantes ont ravive des divisions ancestrales, on verra aussi qu’une partie grandissante de la population nord-irlandaise cherche a echapper a la traditionnelle dichotomie entre orange et vert.