ObjectifL'efficacité de la déplétion lymphocytaire B dans le traitement de la pemphigoïde oculaire cicatricielle (POC) grave met en évidence le rôle clé que jouent les lymphocytes B dans l'immunopathogénèse de la POC. Le facteur d'activation des lymphocytes B (BAFF) est un puissant facteur de croissance des lymphocytes B et agit comme molécule de costimulation de la production d'immunoglobines. La hausse des taux sériques de BAFF est associée à des maladies auto-immunes généralisées, notamment le lupus érythémateux disséminé, la polyarthrite rhumatoïde et la pemphigoïde bulleuse. Nous postulons que les taux sériques de BAFF sont également élevés en présence de POC. MéthodesOn a prélevé le sérum de 30 patients qui présentaient une POC évolutive d'apparition récente, de 9 patients en rémission, de 10 patients en période de récidive et de 15 témoins en bonne santé. Le test ELISA (enzyme-linked immunosorbent assay) a servi à mesurer les taux sériques de BAFF. RésultatsLes taux de BAFF étaient significativement plus élevés chez les patients qui présentaient une POC évolutive d'apparition récente (700,8 ± 181,8 pg/mL) que chez les témoins en bonne santé (564,1 ± 133,2 pg/mL; p = 0,014). On n'a pas observé de différence significative entre les patients dont la POC était en rémission (585,4 ± 216,2 pg/mL) et les témoins en bonne santé. Les patients en période de récidive qui ont reçu le rituximab présentaient des taux extrêmement élevés de BAFF (1721,9 ± 790,8 pg/mL). L'analyse longitudinale des taux sériques de BAFF provenant de 6 patients a révélé que les taux de BAFF diminuaient à mesure que la maladie évoluait, passant de 895,0 ± 240,8 pg/mL à 625,4 ± 199,8 pg/mL (p = 0,003) entre le moment d'apparition et la rémission de la POC. ConclusionsLe BAFF contribue à l'inflammation active observée dans la POC évolutive. L'administration d'un antagoniste du BAFF peut avoir des effets bénéfiques dans la POC réfractaire, surtout en présence d'une résistance au rituximab.