Nous présentons ici les résultats d’une recherche réalisée au sein du projet ARENAS (Horizon Europe 2022), coordonné par Julien Longhi (Université de Cergy Pontoise). Notre étude porte sur des albums de littérature de jeunesse français et espagnols utilisés dans des classes d’écoles primaires françaises et espagnoles afin de travailler l’égalité filles-garçons, en lien avec les stéréotypes de genre susceptibles de conduire à la discrimination sexiste. Nous établissons des comparaisons entre ces albums au regard de la présence de stéréotypes de genre et de leur devenir à travers la trame narrative, jusqu’à s’interroger plus largement la dimension de contre-discours ou de discours alternatif portée par chacun de ces différents albums. Plus spécifiquement, cette contribution questionne les choix opérés dans ces albums au regard de la présence de stéréotypes de genre, c’est-à-dire selon les stéréotypes de genre associés à un personnage et selon ce que dit la trame narrative de l’évolution de ce personnage : les stéréotypes sont-ils ou non confirmés à l’issue de l’histoire ? comment évoluent-ils ? d’autres stéréotypes apparaissent-ils au cours de l’histoire ? Afin de conduire cette étude, nous avons pris en compte trois familles de stéréotypes selon que ces derniers sont liés à l’apparence, au comportement ou à l’activité professionnelle. Nous mettons ensuite en perspective ces stéréotypes avec la structure narrative et le devenir des personnages selon que les choix effectués permettent ou non, globalement ou en partie, de les décatégoriser, puis de les différencier pour finalement les recatégoriser au profit de la diversité. Cela conduit à interroger l’emploi de narrations reposant sur le contre-discours et sur le discours alternatif, pour en dégager les bénéfices comme les points de résistances.

The paper presents the results of an investigation carried out in the frame of an Erasmus+ project titled RIGHTS. The project aimed to tackle hate speech in sports environments, particularly at the grassroots level. The scope of the project was to promote a culture of respect by developing intercultural skills to counter hate speech, intolerance and extremism in sport. Specifically, this article deals with the research, educational training and resources produced for coaches.

Cet article s’intéresse aux métaphores visuelles mobilisées dans des images qui associent la pandémie de Covid-19 et le réchauffement climatique, dans le but de comprendre comment ces deux crises globales sont mises en parallèle dans les discours visuels contemporains. En s’appuyant sur la théorie de la métaphore conceptuelle (Lakoff & Johnson, 2003) et les approches multimodales de l’analyse du discours, l’étude explore les mécanismes cognitifs et discursifs à l’œuvre dans la construction de ces analogies. Le corpus, composé d’un nombre restreint d’images issues de blogs et de pages diffusés en ligne, a été analysé à travers des catégories récurrentes de métaphores : catastrophes naturelles, santé, guerre, cycle. Ces représentations visuelles favorisent la saillance cognitive de certaines dimensions des crises, en activant des expériences corporelles, émotionnelles et culturelles partagées. Loin d’être de simples ornements graphiques, les métaphores visuelles apparaissent comme des dispositifs cognitifs puissants, qui structurent notre perception des enjeux et influencent nos attitudes. L’étude met ainsi en lumière l’apport fondamental de l’analyse visuelle dans la compréhension des processus de conceptualisation, en montrant comment images et cognition s’articulent dans les formes contemporaines du discours de crise.

Cet article, en anglais, présente les résultats d’un travail de recherche mené dans le cadre du projet européen Erasmus+ intitulé RIGHTS auquel les auteur·ices ont participé, et qui avait été présenté en 2023 au colloque Draine à Paris Sorbonne Université - site Descartes. L’anglais ayant été la langue de réalisation du projet, c’est celle qui a été choisie par les auteur·ices, italien·nes, pour la rédaction de cette intéressante synthèse. Nous en proposons ici un résumé long afin de le rendre plus facilement accessible au lectorat francophone, dans la dynamique du numéro dans son ensemble. L’objectif du projet RIGHTS était de proposer des moyens de lutter contre les discours de haine dans les environnements sportifs, en particulier à l’échelle locale, en y remédiant par la promotion d’une culture du respect à travers, plus particulièrement, le développement de compétences interculturelles. L’étude porte plus spécifiquement sur les parcours de formation, les compétences communicationnelles et les ressources pédagogiques élaborées à destination des entraîneurs sportifs. L’article présenté dans ce volume en restitue le cadre, les contextes, la méthodologie et les résultats.

Cet article s’intéresse à la configuration d’un dispositif de remédiation à la haine terroriste lors des attentats djihadistes du 17 août 2017 à Barcelone et Cambrils. Plus spécifiquement, nous étudions ici le cas de Javier Martínez, père d’un enfant de 3 ans décédé dans ces attaques, qui le 24 août 2017 serra dans ses bras l’imam suppléant de Rubí dans le cadre d’un rassemblement citoyen post-attentat. Cet acte, fortement médiatisé par les médias catalans sera présenté comme un moment de fraternité et d’unité citoyenne en Catalogne. Ce texte vise à explorer la dimension de cet acte en tant qu’acte de parole illocutoire constitutif d’un dispositif de remédiation de la haine djihadiste dans le pays. En ce sens, il s’agit d’éclairer les singularités de ce dispositif par le biais d’une analyse sémio-pragmatique de cet objet et en dialogue avec les apports de la sociologie des mouvements sociaux et des attentats, afin d’étudier la nature et les implications de ce geste, son efficacité symbolique et sa dimension pragmatique en tant qu’un acte à forte charge performative.

Les objectifs de cette analyse sont d'une part de décrire les processus et les objectifs du contre-discours haineux appelé « récit alternatif », et d'autre part d'étudier les différences et les similitudes existantes entre ce récit appelé « alternatif » et celui appelé « contre-discours ». Notre corpus est constitué de documents issus du site "Egalité contre le racisme". Notre analyse est qualitative et s’appuie sur le concept de figuration de Goffman ainsi que sur les notions de faces (Brown et Levinson, 1978,1987 ; Kerbrat-Orecchioni 1992, 1998, 2005). Nous examinons également l'efficacité potentielle de ces dispositifs pédagogiques pour contrer les discours discriminatoires et plus largement les discours de haine. Nos résultats montrent que certains matériaux correspondent effectivement à la définition du discours alternatif, mais aussi que d'autres n’y correspondent pas et relèvent de la catégorie du contre-discours. Enfin, l'étude suggère une distinction utile entre discours alternatif explicite et implicite.

Dans la construction passive italienne [auxiliaire + participe passé], l’auxiliaire peut être essere, venire ou andare, les deux premiers étant de loin les plus fréquents. Dans la phrase passive avec [andare + pp], andare/aller, verbe de mouvement déictique (comme venire), est utilisé à la 3° personne, il n’y a pas de complément d’agent, et cette périphrase a deux emplois, narratif et déontique : Questa casa andò distrutta (narratif)/Cette maison fut (a été)/a fini par être détruite ; Quel libro va letto (déontique)/Ce livre doit être lu. Cet article explore la possibilité de concevoir une approche synthétique, et fait valoir le rôle prédominant du référent du sujet grammatical. L’hypothèse est la suivante : la périphrase [andare + pp] s’expliquerait sur la base de trois propriétés du lexème verbal andare, exploitées de façon iconique : andare est un verbe 1. de mouvement (de A vers B), 2. de changement d’état (début du mouvement), 3. déictique (idée d’éloignement). L’actualisation du procès trouverait son origine non pas de façon exogène dans la volonté d’un agent, mais de manière endogène dans une propriété (permanente ou non) du sujet, et ce en dépit de son rôle de patient.

Many linguistic studies describe the diatopic variation of English in the US in a similar fashion, insofar as they almost consistently identify a specific dialect area in the Southern states. The existence of distinct linguistic features in the US South is notorious: the speech patterns exhibited by White speakers in the majority of the southern states of the US have been extensively described throughout time and have continuously received the attention of many linguists and commentators. Although objective linguistic differences in the US warrant the use of terms such as “Southern speech” or “Southern linguistic features”, the spatial division between South and non-South is, however, mostly arbitrary; the fact that its geographical border follows the Mason-Dixon Line is somewhat suspiciously convenient. After reviewing the different methods that have historically been used to delineate the linguistic South, I analyze the region’s sociolinguistic and cultural significance. In examining the linguistic definition of the South, I attempt to apply Irvine and Gal (2000)’s model of linguistic ideology. In particular, I argue that it is precisely the status of the South as a symbolic category that compels speaker-listeners to identify linguistic cues and to subsequently use them as shibboleths, in order to distinguish “Southern speakers” from non-Southern speakers.

Quelle différence y a-t-il entre un contre-discours et un discours alternatif? Laquelle de ces stratégies discursives semble la plus efficace pour lutter contre la circulation et les effets négatifs des discours haineux? L’humour peut-il jouer un rôle important dans le développement de ces stratégies? Ce sont là les trois questions principales auxquelles on a cherché à répondre dans la présente étude. En ce sens, ce chapitre présente les résultats d’une recherche ayant mobilisé à la fois les approches qualitatives et quantitatives. La partie qualitative présente les résultats de douze entrevues réalisées auprès de spécialistes des questions de propos haineux issus du milieu de la recherche et de la pratique. Les points de vue exprimés par ces personnes mettent notamment en relief les aspects confondants sur le plan conceptuel des notions de contre-discours et de récit alternatif. Du côté quantitatif, une expérience de visionnement d’une vidéo en ligne réalisée auprès de 80 personnes séparées en deux groupes, un exposé à un contenu humoristique et l’autre à une vidéo « sérieuse », permet d’observer certaines différences statistiquement significatives selon les contenus visionnés. Bien qu’à interpréter avec nuances, les résultats de cette expérience remettent en question l’efficacité de l’humour pour lutter contre les discours de haine. Cette étude permet également d’ouvrir la discussion sur les facteurs de partages de documents de sensibilisation en ligne.