En Grande-Bretagne, jusqu’au dernier quart du XXe siècle, les femmes libraires sont rares et peinent à accéder aux positions dirigeantes dans un milieu professionnel dont les codes et pratiques sont dictés par les hommes. Or Christina Foyle hérite dans les années 1940 de la « plus grande librairie du monde », Foyle’s, fondée par son père et son oncle au début du siècle. Elle la dirige jusqu’à sa mort à la fin des années 1990, à une période où le commerce du livre connait de profondes transformations – et elle est souvent jugée responsable de son déclin. En s’appuyant notamment sur les archives orales de la British Library, cet article retrace sa trajectoire singulière et la façon dont elle est perçue par ses contemporains, afin d’interroger l’impact des normes de genre sur sa carrière. Si Christina Foyle s’en abstrait dans une certaine mesure, c’est parce que son statut social lui permet de cultiver son exceptionnalité, ce que la majorité des professionnelles du livre ne sont pas à même de faire.
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