Abstract
La Revolution des Œillets (avril 1974), periode charniere fondamentale de l’Histoire du Portugal, marque la fin d’une longue dictature et d’une douloureuse guerre coloniale. Cet evenement historique declenche un processus complexe, celui d’une reconfiguration de l’identite nationale qui s’appuie sur une revision de la memoire collective officielle. Ainsi peut-on remarquer plus de trente annees apres la fin du conflit, la persistance d’une reticence, ou devrait-on dire d’une resistance, a l’idee meme d’evoquer les faits et les evenements lies a la guerre coloniale. Cette resistance etant plus particulierement perceptible dans la litterature et au cinema, cette etude se penchera sur deux films majeurs : Non, ou la vaine gloire de commander (Non, ou a Va Gloria de Mandar) (1990), de Manoel de Oliveira, et Le Rivage des murmures (A Costa dos Murmurios) (2004), de Margarida Cardoso — qui proposent une reflexion sur les questions de race, de genre, de classe et d’ideologie qui ont marque l’agenda colonial, une reflexion qui alimente toujours le debat postcolonial portugais (tant sur les plans politiques, sociaux ou culturels), incapable de se delivrer de ces fantomes imperiaux, qui hantent toujours le peuple portugais et qui invalident les rapports pouvant exister envers l’Autre.
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