Abstract

Alors que les Victoriens avaient présenté la campagne comme une version de l’Eden, les Modernistes ont pu sembler s’éloigner des représentations ambivalentes, voire négatives, de la ville pour parfois en venir à la célébrer. Si on loue souvent Mrs Dalloway pour les scènes de cette modernité, les bribes d’une « rêverie parmi les légumes ? » pointent vers une autre interprétation qui peut souvent passer inaperçue. Pour Woolf comme pour Cusk, le jardin fonctionne comme un espace clos à travers lequel les personnages construisent des émotions complexes qui aboutissent à une réconciliation du passé et du présent, bien que temporaire. Au lieu d’hésiter entre des conceptions polarisées entre le paradis perdu ou retrouvé, les deux auteurs mettent en jeu l’idée d’un paradis fragmenté qui peut être recomposé lors de moments soudains de compréhension de soi. L’espace cultivé d’un jardin domestique met au cœur du texte la perception d’être « enclos(e) » (MD, 64) dans des perceptions et des émotions passées. La conscience de soi, qui trouve difficilement à s’exprimer, en vient à se réaliser dans des moments de clarté soudaine, des « moments d’être ». Virginia Woolf et Rachel Cusk mettent donc en jeu le trope du jardin afin d’explorer les profondeurs du moi, au-delà des espaces urbains qui ont été si centraux dans leur écriture.

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