Abstract

Pour le psychanalyste Donald Winnicott, le jeu constitue une « valeur positive de l’illusion » qui, pour l’adulte, ainsi que pour l’enfant, permet d’accéder à la réalité de façon graduelle et supportable. Bien que connu plutôt pour son concept de l’objet transitionnel chez les enfants, Winnicott revendique pourtant le rôle essentiel des phénomènes transitionnels à toutes les étapes de la vie, à tout le moins celui de la création artistique. Cet article vise à mettre en jeu la psychologie de Winnicott, surtout de son livre Jeu et réalité (1971) et La Décadence latine (1884 & seq.) de Joséphin Péladan, œuvre méconnue et insuffisamment étudiée de la littérature décadente. S’appropriant un regard nostalgique sur l’histoire, Péladan la transformeen fantaisie contre-culturelle qui constitue un acte de résistance au présent. Il se crée une alternative à l’histoire, une « expérience illusoire » qui, moitié jeu, moitié reformulation de la réalité, lui fournit une façon de contourner la déchéance morale. Or, Péladan oppose à ses peurs de la fin de la latinité une nouvelle trajectoire historique de son innovation propre afin de réécrire le monde à rebours.

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