Abstract

Au Japon, le prix des médicaments remboursables est égal à un prix de base majoré d’une « prime » reflétant le caractère plus ou moins innovant du produit. Bien que des considérations économiques interviennent dans ce calcul, la méthode employée laisse une large place à la subjectivité – raison pour laquelle nous parlons de « Quasi Value-Based Pricing ». Confronté à une explosion des dépenses de santé, le ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales a chargé un comité ad hoc créé au sein du CMC, l’instance compétente en matière de fixation du prix des médicaments, de définir une nouvelle méthode d’évaluation économique des technologies de santé. Une expérimentation a été lancée en avril 2016 pour sept médicaments et six dispositifs médicaux remboursables. L’objectif était de définir une méthode pour recalculer le prix de ces produits, puis de déployer l’expérimentation à plus grande échelle. Initialement prévu pour mars 2018, ce déploiement a été reporté d’une année faute de consensus, la méthode de calcul proposée ayant suscité de vives critiques des scientifiques et de l’industrie pharmaceutique. La proposition consiste à calculer le ratio différentiel coûts-résultats (RDCR) en lui appliquant un taux d’actualisation pour tenir compte de critères éthiques et sociaux, puis à calculer le prix en fonction de formules algorithmiques différentes selon le niveau du RDCR. Outre le fait que la méthode employée pour moduler le RDCR est scientifiquement discutable et que, pour transparente qu’elle soit, l’utilisation de formules algorithmiques associées à un niveau de RDCR donné comporte un risque d’arbitraire et n’offre aucune souplesse, la réforme telle qu’elle est envisagée n’encourage pas l’innovation. Pour remédier à ces faiblesses, nous proposons une démarche en deux phases : une phase d’évaluation scientifique reposant sur une méthode pharmaco-économique valide et une phase de délibération. Nous insistons sur le fait que la mise au point d’une méthode de calcul, quelle qu’elle soit, exige des compétences extrêmement pointues, qui sont rares au Japon, ce qui plaide en faveur de la création d’une autorité publique d’évaluation des technologies de santé. Nous concluons notre article en invitant les autres pays à tirer des enseignements de l’expérience du Japon et des controverses soulevées par la réforme.

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