Abstract

Dans les pratiques sportives dominées par des valeurs masculines, l’entrée d’une chercheuse et pratiquante ne constitue pas un élément neutre. En effet, pour obtenir une place légitime parmi les pratiquants des sports nautiques, les femmes – dominées dans cet espace – doivent impérativement faire preuve de patience, de persévérance, et mettre en place des stratégies spécifiques afin de construire progressivement un capital marin qui leur permettra de se hisser dans la hiérarchie de cet espace social et de s’y distinguer. Dès lors, pendant l’enquête ethnographique, les moments de péril de la légitimité de l’enquêtrice et sa mise à l’épreuve par les enquêtés ont agi comme des déclencheurs. Les dispositions sociales de l’enquêtrice – incorporées lors d’une longue socialisation aux sports nautiques et qui lui ont permis de se hisser et de se maintenir dans la hiérarchie de ces espaces de pratique – s’activent avec intensité: la préservation de sa légitimité est sa priorité et lui font perdre sa vigilance épistémologique. Le récit de ces « prises par corps », de ces moments où la défense de la légitimité sportive prenne le pas sur la démarche d’enquête repose sur un ensemble d’expériences corporelles intenses de l’ethnographe; un « lâcher-prise corporel » renseignant au fond sur la force de l’incorporation de ces dispositions et leur fonctionnement chez certaines pratiquantes de surf et de voile lorsqu’elles sont confrontées à des crises de légitimité.

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