Abstract

L’article propose une réflexion sur les temporalités socialistes en Bulgarie et en Roumanie à travers le prisme de la science-fiction, un genre habité de visions et de prodiges, qui fut aussi un support privilégié d’interrogation sur les présents socialistes. Étudiée à travers ses producteurs, ses circulations, ses lecteurs et ses clubs d’amateurs, la science-fiction permet en effet de retracer les croisements entre productions politiques, thématisations littéraires et expériences sociales du temps. Ce faisant, l’article suggère la faible pertinence de découpages Est‑Ouest pour appréhender l’histoire des sensibilités, de la science ou les interrogations sur le devenir de la planète. Il montre toutefois aussi que les traversées Est‑Ouest des textes et des savoirs empruntèrent d’un pays à l’autre des sentiers différents, tributaires des histoires ante communistes et de visions nationales contrastées de la direction spatio‑temporelle de la modernité. Au‑delà de ces divergences, les univers SF suggèrent des chronologies proches du (dés)enchantement socialiste : à une projection plutôt confiante dans les années 1960 succéda au cours des années 1980 un éclatement générationnel, social et territorial des visions du présent et de l’avenir. Le repli vers un lointain passé nationalisé ou un futur inaccessible n’empêcha cependant pas les clubs SF de fournir, particulièrement en Bulgarie, un espace de débats sur un futur socialiste réformé.

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