Abstract

La question du rapport maître-disciple est mise en évidence dans Le Maître de Santiago de Montherlant par une théâtralisation de la transmission. Dialogue vif et tendu, situations conflictuelles et divergences de points de vue ébranlent aussi bien les relations familiales et amicales que les affinités idéologiques. Pour les Espagnols de 1519 partir en Amérique est une aubaine. Cette course effrénée derrière le gain qui utilise l’évangélisation comme prétexte séduit les chevaliers de l’Ordre de Santiago mais elle déplaît énormément à leur chef. La focalisation de cette dramatisation sur le différend en question permet de dégager les figures du maître, celles du disciple et, à travers leurs relations, les valeurs affirmées. Alvaro Dabo, qui agit en tant que guide de l’Ordre de Santiago, est sans conteste la principale figure du maître. En cultivant le paradoxe et en s’opposant au désir de ses pairs, il ne s’érige pas en passeur de savoir-vivre et de savoir-faire, mais il parvient tout de même à formuler les valeurs auxquelles il est attaché : noblesse d’âme, générosité, humilité. Les disciples se répartissent en cinq catégories. La figure « aristotélicienne » (Bernal et Vargas) commente et interprète le discours du maître. La figure « épicurienne » (Olmeda) vise à atteindre le bonheur. Le disciple « parricide » souhaite éliminer Alvaro. Letamendi est l’illustration du mauvais élève. Mariana, incarnation de l’« alter ego », tient du maître sans en être une pâle copie. Tendues, les relations qui régissent les deux instances confèrent une dynamique au processus de transmission. Alvaro cherche à se murer dans le silence, mais il tient à transmettre avant de disparaître. Deux valeurs essentielles constituent la teneur de son message : l’histoire nous enseigne qu’il faut être méfiant à l’égard des forces négatives, l’engagement requiert des qualités morales telles que le sacrifice de soi et la charité. Montherlant approuve chez son personnage la condamnation de la colonisation, mais il n’adhère pas à son extrémisme.

Highlights

  • La question du rapport maître-disciple se pose dans cette pièce d ’une façon un peu particulière

  • Il convient donc de commencer par l ’examen des différents aspects de cette théâtralisation

  • Montherlant a centré l ’intrigue sur les divergences qui déchirent cinq chevaliers de l ’Ordre et leur « chef » don Alvaro Dabo au sujet du départ pour les Indes en vue de faire fortune, lors d ’une réunion qui a lieu chez celui-ci

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Summary

Théâtralisation de la transmission dans Le Maître de Santiago de Montherlant

Dans Le Maître de Santiago (1947), pièce de théâtre écrite en 1945 (indication donnée par l ’auteur à la fin du texte, p. 132), Henry de Montherlant situe l ’action en Espagne en 1519. À cela s ’ajoute le fait que dans l ’intrigue c ’est le discours-action qui se substitue à l ’action proprement dite : don Alvaro refuse de satisfaire la demande de ses compagnons de partir pour le Nouveau Monde. L ’ancrage historique est assuré par le moyen de la date à laquelle se déroulent les faits (1519), du lieu où se passe l ’action (Avila, ville de Castille) et de l ’appartenance des chevaliers à l ’Ordre de Santiago, qui a réellement existé. Mais il nous est signalé que si « don Alvaro a une forte vraisemblance historique », « dans l ’intrigue [...] tout est fiction : il n ’y a pas un emprunt » Nous adopterons dans l ’analyse du fonctionnement de la transmission dans cette pièce une démarche thématique en essayant de rattacher ce que révèle le texte aux principales analyses théoriques portant sur cette question

Figures du maître
Figures du disciple
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