Abstract

Cet article porte sur une étude réalisée auprès de gardiens de prisons suédois. Nous analysons deux types de représentations professionnelles qui constituent deux types de connaissances collectivement construites. Le point de départ de cette étude est l''existence de sous-cultures dans la profession des gardiens de prisons en Suède. Ces sous-cultures, portées par des groupes de gardiens spécifiques, renvoient aux contradictions que la société impose au système carcéral en le plongeant en permanence dans un dilemme entre sécurité et réhabilitation. Ce dilemme apparaît de façon évidente dans les représentations professionnelles que nous avons étudiées. Les résultats présentés résultent de deux questions d''association libre qui faisaient partie d''un questionnaire renseigné par 806 gardiens de prisons. Les analyses portent sur un échantillon de 396 individus tirés au sort parmi ces répondants de façon à représenter les différents niveaux de sécurité des prisons suédoises et les différentes parties de chacune de ces prisons (quartier de traitement, quartier normal et quartier de haute sécurité). Ces résultats sont complétés par les éléments provenant d''une étude qualitative précédente, menée par observation, entretien et focus-group. L''analyse montre qu''il existe des différences induites par l''appartenance à l''une ou l''autre des sous-cultures considérées. La façon dont les gardiens gèrent le dilemme entre sécurité et réhabilitation dans leurs pratiques quotidiennes nous a conduit à proposer une typologie en trois groupes. «Les frustrés » renvoient aux gardiens qui vivent plutôt mal ce dilemme, soit parce qu''ils trouvent difficile de concilier les deux facettes du métier, soit parce qu''ils perçoivent majoritairement la face sécuritaire, regrettant le manque de temps pouvant être consacré à la réhabilitation. «Les rigides » forment une catégorie de gardiens qui se complaisent dans l''application stricte des règlements, et gardent une distance maximale avec les prisonniers. Enfin, «les flexibles » ne perçoivent pas les deux facettes du métier de gardien de prison comme un dilemme : dans cette tendance majoritaire, les gardiens assument la dualité de leur rôle et ne voient pas dans les contraintes sécuritaires un réel frein aux contacts humains nécessaires à la réhabilitation.

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