Abstract

Reviewed by: The Cinema of Rithy Panh: Everything Has a Soul by Leslie Barnes et Joseph Mai Martine Guyot-Bender Barnes, Leslie, et Joseph Mai, coordonnateurs. The Cinema of Rithy Panh: Everything Has a Soul. New Brunswick, Rutgers UP, 2021. ISBN 9781978809796. 254 p. Il est quelque peu surprenant que The Cinema of Rithy Panh: Everything Has a Soul soit le premier volume consacré entièrement au cinéaste franco-cambodgien, pourtant déjà auteur d'une vingtaine de films et bien connu des cinéphiles français et des historiens de l'histoire coloniale de l'Asie du Sud-Est. Les critiques ne manquent d'ailleurs jamais de souligner que le travail de cinéaste de Rithy Panh est intimement lié à sa biographie. Enfant, au milieu des années soixante-dix, Panh a en effet survécu au génocide du régime Khmer rouge au Cambodge, au cours duquel une partie de sa famille proche a péri. Après quelques années passées dans un camp de réfugiés en Thaïlande, il a été transféré en France où il est entré à l'Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC). Depuis près de quarante ans maintenant, Panh utilise des approches cinématographiques variées, dont certaines très novatrices, pour rendre compte des causes et conséquences de cette tragédie. Les essais qu'ont assemblés Leslie Barnes et Joseph Mai feront certainement date. Outre les analyses pointues de films qu'ils proposent, chacun fait émerger des phases différentes tant de la période coloniale que post-coloniale du Cambodge, dont certaines peu connues en conséquence de l'absence d'archives crédibles. Le regard croisé des seize spécialistes—en histoire comme en anthropologie, en cinéma et en philosophie—ayant participé au volume est réparti en quatre parties bien distinctes et constitue un véritable hommage à l'étendue et à la profondeur [End Page 213] de cette œuvre cinématographique de mémoire, à ce jour la plus marquante sur le Cambodge, et ce certainement pour longtemps. La première partie de The Cinema of Rithy Panh, intitulée "Aftermath: A Cinema of Postwar Survival," examine des réactions individuelles et plus globales au génocide. À partir des Gens de la rizière et Un soir après la guerre, Boreth Ly confronte la représentation—courante dans le cinéma cambodgien classique—des mères confinées à des rôles domestiques, à celle de Panh qui fait remonter à la surface les préjugés sexistes pérennes, y compris durant la période post-génocide. En plus d'être des victimes de guerre, ces mères sont effectivement aussi victimes du déséquilibre des rôles genrés dans la société cambodgienne traditionnelle. De nombreux philosophes tels que Diderot ont dit que les ruines engendrent la mélancolie. En prenant comme point de départ Les Artistes du théâtre brûlé, qui a pour sujet le théâtre Bassac à Phnom Penh, désormais abandonné mais utilisé de manière spontanée par des troupes amateurs, Mai considère au contraire les ruines physiques et symboliques comme sources de force individuelle et de dignité collective. Il rappelle à cet effet le soutien sans restriction du Prince Norodom Sihanouk en faveur des arts dans les années soixante. Enfin, l'analyse de Khatharya Um d'Exil et de Que la barque se brise, que la jonque s'entrouvre met en parallèle, et de manière très convaincante, le traumatisme post-génocide et la détresse des réfugiés face au déracinement géographique et culturel. Cette ouverture du volume confirme que pour Panh, le traumatisme est un état intime et latent à la fois indescriptible et impossible à cerner, alors même que la souffrance persiste bien après la fin visible des hostilités. "From Colonial to Global Cambodia," la deuxième partie de The Cinema of Rithy Panh se penche sur d'autres violences que celles des Khmers rouges: la période coloniale des années cinquante; puis, dans les années soixante-dix, les bombardements américains contre les forces communistes, qui...

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