Abstract

L’invention puis le succès de la photographie au dix-neuvième siècle a révolutionné l’art du portrait. Dès ses débuts, elle attire de nombreux écrivains qui se font immortaliser grâce aux techniques successives du daguerréotype, de la carte-de-visite et autres procédés gagnant en praticité qui permettent bientôt à la photographie de sortir du studio professionnel pour explorer l’espace privé. En effet, alors que la photographie suscite l’enthousiasme, un intérêt grandissant pour les célébrités du monde littéraire amène les photographes à produire des images montrant les écrivains dans leur environnement habituel, voire privé. Certaines de ces images sont même destinées à une diffusion dans le grand public en étant incluses dans des publications ou commercialisées à titre d’objet de collection. Dès lors, la représentation de l’espace intérieur dans les portraits photographiques d’auteurs contribue clairement à la construction de la figure de l’écrivain en tant que personnage public et figure socioculturelle. Ce qui peut, à première vue, apparaître comme une simple toile de fond ornant le portrait d’une personne est en réalité révélateur de l’élaboration de l’identité littéraire d’un auteur à travers l’image. Certains portraits de Charles Dickens ou George Bernard Shaw, par exemple, témoignent de l’importance de la mise en scène et des accessoires dans la construction de l’image d’un écrivain, notamment lorsqu’il s’agit de représenter son intérieur comme une possible matérialisation de sa personnalité et de sa psychologie, suggérant ainsi que l’espace dans lequel évolue et crée un écrivain peut se lire comme un prolongement de son intériorité d’individu.

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