Abstract

Moulin-Neuf (Saint-Quentin-de-Baron, Gironde) est un site du Magdalénien moyen ancien daté entre 18700 et 17800 cal. BP. Découvert en 1939, le site s’organise comme la succession latérale de deux abris et d’un gisement en pied de falaise. L’intérieur de l’abri 1, le plus vaste, a d’abord été en partie fouillé par R. Cousté puis par H. Péquart dans les années 1940. Entre 1976 et 1980, M. Lenoir entrepris d’en fouiller la terrasse qui a notamment livré un riche ensemble archéologique (industries lithique et osseuse, faune, matières colorantes, art mobilier) attribué alors au Magdalénien moyen. Moulin-Neuf se situe à l’interface géographique et chronologique des «faciès » à navettes, à pointes de Lussac-Angles et à lamelles scalènes. Pourtant, il n’a livré aucun de ces marqueurs classiques. Nous nous proposons de croiser les approches pétro-archéologiques et technoéconomiques pour déterminer le mode d’exploitation de chaque ressource afin de mieux cerner les occupations de Moulin-Neuf et de les replacer dans l’espace géoculturel du Magdalénien moyen ancien. Cette étude a permis de mettre en évidence à Moulin-Neuf une grande diversité dans le spectre de matières premières exploitées. Au-delà d’un approvisionnement avec la zone périgourdine, le réseau de circulation des matières premières s’élargit nettement vers la Chalosse et le Sud du Bassin parisien. Les blocs de silex du Bergeracois, «grain de mil » et de Chalosse ont fait l’objet d’une exploitation sur place. Cette arrivée de blocs fut complétée par l’apport de supports lamino-lamellaires et d’outils provenant des formations du Turonien inférieur du Berry, du Grand-Pressigny et du Turonien d’Écoyeux. La zone de diffusion des silex du Turonien inférieur du Berry se trouve alors élargie au Nord du Bassin aquitain. Ces résultats inédits ne montrent pas de frontières territoriales nettes entre Poitou et Pyrénées mais plutôt des des réseaux complexes de circulation des matières premières lithiques, tout en conférant à Moulin-Neuf la place de carrefour géographique majeur de ces réseaux. Le partage d’un «litho-espace » similaire entre les différents faciès du Magdalénien moyen ancien relance la question de la pertinence de l’utilisation de ces faciès.

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