Abstract

BOOK REVIEWS/COMPTES RENDUS Speech Presentation in Homeric Epic. Par Deborah Beck. Austin : University of Texas Press. 2012. Pp. x, 256. Les discours occupent une place importante dans l’épopée homérique, leur présentation n’a pourtant pas donné lieu à une étude systématique et raisonnée avant ce livre qui comble donc un vide. Son auteur avait déjà consacré une étude à la « conversation » chez Homère1 . La présente étude est à la fois plus générale (traitant tous les discours et pas seulement les dialogues) et plus théorique (l’introduction présente un vaste panorama sur la question du discours dans la littérature occidentale et sur la théorie des actes de langage due à John Austin2 , auquel l’auteur emprunte la typologie dont elle a besoin, en reconnaissant ses limites [11], et en lui adjoignant la notion de move3 ). Les occurrences ont été recueillies dans une base de données qui semble très complète4 et cela permet à l’auteur de présenter des statistiques sur la proportion de chaque type de présentation du discours au fur et à mesure de son analyse. Notons cependant que l’on se perd parfois un peu dans les chiffres (par exemple, 31 dans le décompte des discours directs présentés par Ulysse : 143, puis 144 sur 147). Peut-être aurait-on pu éviter cela par des tableaux récapitulatifs en annexe ? Le discours direct, de loin le plus fréquent chez Homère5 , occupe le premier chapitre, sous l’appellation direct quotation. Dans la première partie du chapitre sont étudiés les discours mimétiques (mimetic quotations) ; présentés par le narrateur principal pour une grande majorité, ils forment « l’épine dorsale » de l’épopée homérique, avec 70 pour cent des moves (26–27). Des études particulières sont alors consacrées à divers passages-clefs faisant intervenir Ménélas (Od. 4.376–381), à Ulysse et son long récit des chants 9–12 — qui ont suscité une abondante littérature mais pas d’étude spécifique de son usage du discours direct, ce qui justifie la présente étude —, aux discours trompeurs rapportés par Agamemnon dans le chant 19 de l’Iliade, au discours de sa nourrice rapporté par Eumée au chant 15 de l’Odyssée, en contraste avec celui d’Hélène dans Od. 4.274–279. Deux chapitres traitent ensuite du discours indirect, le discours indirect libre d’abord, probablement pour frapper le lecteur d’une manière un peu provocante puisque l’on dit généralement que cette forme a été inventée par le roman « moderne », c’est-à-dire au dix-neuvième siècle. Suivons donc l’auteur dans le cheminement proposé, qui consiste d’abord à affirmer l’existence du discours indirect libre chez Homère, en général dans des subordonnées adjacentes au récit et parfois à un discours indirect principal. L’exemple de Od. 9.100–102 donné (59–60) est probant : le narrateur Ulysse raconte qu’il a ordonné (kel—mhn) à ses compagnons d’embarquer rapidement (discours indirect sperxomŽnouw nh™n \pibainŽmen) et ajoute son intention au discours indirect libre (m} pvw tiw lvto”o 1 Deborah Beck, Homeric Conversation (Washington 2005). 2 En général, on a ainsi traduit l’anglais Speech Acts en français, surtout sous l’influence de John Searle. 3 Notion non austinienne me semble-t-il. Voir Dorothea Franck, « Speech Act and Conversational Move », Journal of Pragmatics 3 (1979) 461–466. D. Beck donne la définition suivante: « A “move” is essentially a particular speech act in a conversational context » (12). 4 On peut la consulter en ligne: http://www.laits.utexas.edu/DeborahBeck/home. 5 À peu près la moitié de l’Iliade et les deux-tiers de l’Odyssée consistent en discours direct (23). PHOENIX, VOL. 69 (2015) 1–2. 175 176 PHOENIX fag™n n—stoio l‡yhtai). Citons le commentaire (60) : « The...

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