Abstract

Cette étude s’intéresse à la nature, aux effets et aux enjeux narratifs et philosophiques des sons – ou de l’absence de sons – qui, dans les romans du Graal du Moyen Âge, accompagnent les apparitions de cet objet. Dans Le Conte du Graal de Chrétien de Troyes, ce qui fait sens n’est pas le silence du Graal, mais le silence de Perceval. À ce premier épisode, silencieux, que la narration rattache à un péché du personnage, font suite, dans les romans en vers qui aspirent à en achever la narration, ainsi que dans les romans en prose du xiiie siècle, des scènes où la vision du Graal est associée à une topique de bruits et de voix, aux topoï du chant et de la musique, voire à un silence qui n’est plus la conséquence d’une faute, mais le signe de la plénitude, de la grâce et d’une harmonie que « la langue ne peut dire, ni le cœur imaginer ». Du silence fautif de Perceval au silence de la grâce divine, expérience mystique ineffable, un long chemin a amené les protagonistes des scènes du Graal à intérioriser cette épreuve, et à faire résonner dans leur for intérieur la voix de la Présence réelle. Quête de la grâce divine, la quête du Graal conduit le fidèle de l’expérience sensorielle à la béatitude in Deo, à l’union avec le Souffle incréé, Verbe qui dépasse toute intelligence. L’itinéraire vers Dieu est un chemin vers le silence.

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