Abstract

La Sarre draine dans sa vallée supérieure les Vosges gréseuses et l’Est du bassin de Paris, dans sa vallée moyenne le bassin permo-carbonifère de Sarre-Nahe et dans sa vallée inférieure le socle de l’Hunsrück. Une révision du système des terrasses alluviales étagées de la Sarre entre Sarrebourg (France, Lorraine) et la confluence avec la Moselle à Konz (Allemagne, Rhénanie-Palatinat) est proposée à partir d’une approche pluridisciplinaire. Les nouvelles données ont été obtenues à partir de nouveaux levés de terrain effectués dans la vallée de la Sarre supérieure, entre Sarrebourg et Sarreguemines, de l’étude de coupes des formations alluviales observées dans la région de Keskastel (Alsace), à proximité de la confluence Sarre-Prims, à Diefflen (Land de Sarre) et entre Saarburg et Konz, des descriptions des nombreux forages disponibles spécialement dans le Land de Sarre, et enfin, des études antérieures. Le système des terrasses étagées de la Sarre est constitué de dix niveaux de terrasses (notés de S10 à S1) à moins de 100 m d’altitude relative et de témoins alluviaux isolés jusqu’à 190 m d’altitude relative. Les 10 niveaux de terrasses les plus récents se raccordent aux moyennes et basses terrasses définies récemment dans la vallée de la Moselle. Les niveaux plus anciens, uniquement présents en Allemagne, appartiennent aux hautes terrasses et aux terrasses principales. Les niveaux de terrasses s’inscrivent dans des vallées à méandres encaissés, ces derniers ayant été parfois recoupés au cours du creusement plio-pléistocène de la Sarre. Les formations alluviales, souvent épaisses, déposées en contexte périglaciaire, sont constituées de lithofaciès sableux, notamment dans la vallée supérieure, auxquels s’ajoutent, dans les vallées moyenne et inférieure, des lithofaciès grossiers comportant parfois des blocs glaciels à leur base. D’après les datations obtenues dans les vallées de la Sarre et de la Moselle, les basses terrasses seraient weichséliennes, les moyennes terrasses inférieures saaliennes (sensu lato) et les moyennes terrasses supérieures pourraient être elstériennes et cromériennes. D’après l’âge présumé de ces terrasses, le creusement peut être évalué à environ 0,13-0,15 mm/an en moyenne, et ce, pour l’ensemble de la vallée de la Sarre, ce qui correspond à des taux de soulèvement d’ampleur comparable. Le parallélisme des profils longitudinaux des moyennes et des basses terrasses tend ainsi à infirmer l’existence de mouvements tectoniques différentiels le long de la vallée de la Sarre.

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