Abstract

Comment penser la question de l’héritage dans une société caractérisée par la destruction et la dispersion de son patrimoine matériel et immatériel ? En mars 2007, une bombe a explosé dans la rue Al-Mutanabi, quartier rassemblant historiquement les bouquinistes de Bagdad. Survenant quatre années après les pillages des musées de la capitale irakienne, cet événement meurtrier incarne la destruction de la vie culturelle à Bagdad. Des artistes irakiens en exil réagissent rapidement de l’extérieur, ressuscitant par leurs créations l’atmosphère d’une ville perdue. Entre hommage et testament, leur travail interroge la notion d’héritage comme processus en (de) construction à travers un ensemble de pratiques transnationales. À partir d’entretiens conduits auprès d’artistes irakiens en exil et d’analyse de certaines de leurs productions liées à la rue Al-Mutanabi, cet article met en lumière des processus simultanés d’abstraction et de matérialisation de pratiques patrimoniales, fragilisant l’idée d’héritage défini comme trace d’authenticité.

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