Abstract
Partant du postulat que l’écriture de l’abjection produit chez le lecteur un vertige, voire un choc, tout à fait particulier, notre article s’intéresse à la façon dont celle-ci constitue dans les romans La Vie de Joséphin le fou d’Ananda Devi (2003) et Za de Raharimanana (2008) une formidable puissance de remise en question des normes et des limites qui fondent ce qu’on peut appeler avec Julia Kristeva « l’ordre social et symbolique ». Il s’agit en d’autres termes d’explorer la puissance propre à l’abjection qui permet au récit de dépasser à la fois la simple satire socio-politique et la jubilation de l’obscène, au profit de représentations plus ambivalentes, mouvantes et dérangeantes, qui touchent aux fondements mêmes de notre humanité. Nous nous efforcerons ainsi de dépasser la sidération dans laquelle plonge la violence parfois difficilement soutenable de l’écriture pour envisager la façon dont l’abject, la pourriture et le grouillant apparaissent en creux comme le terreau fertile d’un contre-pouvoir sur les plans aussi bien éthique qu’esthétique. Parce que ces bas-fonds abjects sont aussi le lieu d’une vie proliférante, multiple et anarchique, la parole qui s’y ancre et s’en revendique peut en effet être comprise comme une poche de résistance face à la menace de la tyrannie de l’Un, du vide et de la pétrification qui caractérisent le pouvoir postcolonial.
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