Voices in the Machine: Class, Subjectivity and Desire in Victorian Women’s Factory Poems

Abstract

Cet article explore la manière dont la culture industrielle a façonné l’imaginaire et la poésie des victoriennes. Nous oublions souvent que les auteures de la classe moyenne et supérieure engagées dans les réformes sociales ne sont pas les seules à avoir écrit des poèmes sur le monde industriel. Les femmes des classes laborieuses ont également écrit un certain nombre de poèmes à coloration autobiographique sur ce sujet. Le premier objectif de cet article est de présenter les voix des femmes appartenant aux classes privilégiées : en faisant preuve de compassion pour les ouvriers, elles cherchent aussi à faire avancer la cause des femmes. Elles dénoncent dans leurs poèmes les terribles conditions de travail ainsi que la déshumanisation des ouvriers causée par les machines. Dans un deuxième temps, il s’agit de montrer que la poésie des femmes de la classe ouvrière présente une vision très différente de la factory girl : cette dernière peut être utilisée pour véhiculer les valeurs conservatrices de la famille, malgré sa condition sociale. Alors qu’elles ne décrivent pas le travail et l’usine dans leurs poèmes, les femmes des classes populaires insistent sur le potentiel de production et de reproduction de la factory girl – que ce soit à travers l’union matrimoniale ou à travers la passion patriotique. Pour finir, les factory girls qui s’appuient sur leur expérience de l’usine écrivent des poèmes autobiographiques qui valorisent le travail manuel et exaltent leur fierté, leur conscience de classe et le sens de la solidarité et de la collectivité. Alors qu’elles s’inspirent des poèmes bourgeois en adoptant la subjectivité et le sentimentalisme de la classe moyenne, elles cherchent aussi à résister à ses codes poétiques en écrivant leur propre poésie industrielle. La rencontre de toutes ces voix témoigne de la variété des réponses proposées face à l’industrialisation et la mécanisation.