Abstract

En Asie du Sud-Est, la fin de la préhistoire – de l’apparition de l’agriculture à la naissance de proto-États – ne dure que de 1500 à 2000 ans. Les cimetières sont des sites essentiels pour comprendre ces changements marqués par des influences culturelles indiennes et chinoises. Le Myanmar est le seul pays d’Asie du Sud-Est avec lequel ces pays partagent une frontière terrestre. Les données archéologiques nouvellement acquises pour le Myanmar permettent d’éclairer cette période charnière. Cet article présente les résultats de l’étude de la nécropole d’Oakaie 1 (région de Sagaing), fouillée durant deux saisons entre 2014 et 2015 dans le cadre de la Mission Archéologique Française au Myanmar (MAFM). La nécropole est datée entre la fin du Néolithique et le début de l’âge du Bronze. Les 55 sépultures et 57 inhumés mis au jour permettent d’analyser l’évolution des pratiques funéraires pendant plusieurs siècles. L’organisation de l’espace sépulcral est particulière. Les fosses, organisées en rangées sont distribuées selon deux grandes orientations, N-S et NNO-SSE. Les inhumations sont individuelles ou plurielles (9 cas) et, dans un cas, un chien a été inhumé avec des humains. L’analyse taphonomique suggère l’usage de contenants périssables larges ou étroits, avec des bords montants, probablement des troncs d’arbres évidés. Les biens funéraires les plus communs sont des céramiques généralement placées près des membres inférieurs ou dans le comblement de la fosse. Des éléments de parure (perles en coquillages et en pierre, bracelets en pierre polie et en matière dure animale) étaient aussi associés aux défunts, tandis qu’une unique sépulture a fourni un objet en métal (une hache en bronze). L’usage croisé de critères variés, dont l’organisation spatiale de la nécropole, les recoupements de sépultures, les pratiques funéraires et le mobilier déposé auprès des défunts a permis d’établir que la nécropole a fonctionné durant trois phases. La première est caractérisée par 20 inhumations orientées dans un axe N-S, généralement individuelles, dotées d’un mobilier funéraire réduit constitué d’une seule céramique et de rares éléments de parure en coquillage et matière dure animale. La deuxième phase est composée de 30 sépultures orientées dans un axe NNO-SSE. Elles contiennent des inhumations individuelles et plurielles associées à des céramiques distinctes de celles rencontrées lors de la première phase et à des objets de parures, dont certains sont d’origine exotique, plus nombreux et plus fréquents. La troisième phase est représentée par une inhumation, exceptionnellement riche pour la nécropole. Le défunt était associé à 19 céramiques, une perle en pierre et une hache en bronze. Ce dépôt présente un parallèle avec des sépultures de la nécropole de Nyaung’gan située à 2,7 km de Oakaie 1. Notre analyse permet d’établir que les deux premières phases correspondent à une utilisation intermittente de la nécropole par une même population alors que la troisième marque une rupture lié à l’introduction du métal.

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