Abstract

L'historiographie des regimes fasciste et nazi montre combien l'histoire comparée demeure une recommandation d'école. En vain chercherait-on parmi les innombrables études publiées dans les trente dernières années un ouvrage abordant de façon comparative l'histoire de ces regimes, ou explorant l'un ou l'autre de leurs aspects, à l'exemple du remarquable travail que Jùrgen Kocka consacra aux cols blancs allemands et américains. Emprise du cadre national sur les études historiques, sans aucun doute, mais aussi peut-être réticence des historiens envers une démarche accaparée dans les années 1960 et 1970 par des politologues à qui seul importait de fixer la formule d'un fascisme générique. Attaché au respect des singularités, l'historien ne pouvait que voir dans des interprétations faisant des regimes allemand et italien l'expression politique d'un stade du capitalisme ou d'une étape de la modernisation, des généralités peu éclairantes, grevées au surplus d'omissions ou de méconnaissances considérables. Ainsi pour ce qui est de l'extermination des juifs, un événement où culminent et se condensent les différences de tous ordres que l'on peut constater entre les deux regimes et que le carcan d'un modèle explicatif global amène presque immanquablement à ignorer ou à aplatir. Même si leur gravité a été longtemps méconnue, les actes de barbarie commis par l'Italie fasciste en Ethiopie sont bien éloignés d'une entreprise de génocide dont la spécificité est d'avoir été idéologiquement motivée, administrativement planifiée et industriellement accomplie.

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