Abstract

The “Arab Spring” uprisings have unexpectedly led to a strikingly fast and worldwide movement of opposition to governments and economic powers. This sudden and unpredictable outbreak of protest has given birth to a new form of political action, which may be called “gatherings”, i.e. people taking to the streets and occupying squares to claim a radical change of the political order through demands for a better or renewed democracy. Gatherings are innovative as they arise outside traditional ways of expressing political grievances (i.e. through parties, trade unions, NGOs and associations), have neither leader nor program, advocate non violence and disavow the system of representative government. This new way to practice street politics opposes ballot box politics as it claims direct democracy (general assemblies, open meetings, no decision by a majority, equally shared responsibilities, transparency, etc.) while ardently endorsing non violence. This commitment is contentious: how can one pretend toppling the rule of the rich and the powerful who benefit from an entrenched system of domination without making use of violence to oust them from their privileged position? This article aims at clarifying the terms of this question by exploring the way resorting to violence has been debated in many of these gatherings.

Highlights

  • La rue est redevenue, d’une manière spectaculaire et originale, un lieu politique majeur avec l’effervescence démocratique qui a saisi le monde depuis 2011

  • Admettre une telle continuité oblige à reconnaître que la participation à la vie politique se construit, en démocratie, comme une sorte de bricolage, qui permet à chacun, sans contradiction, de recourir, selon les circonstances et de la manière dont il l’entend, à la procédure électorale, à la négociation sociale, à l’opposition politique, à l’arme du droit, à la manifestation et à la grève, à l’expression publique et artistique, à des formes d’action non-violente ou à certains usages pacifiés de la violence

  • Admettre une telle continuité oblige à reconnaître que la participation à la vie politique se construit, en démocratie, comme une sorte de bricolage, qui permet à chacun, sans contradiction, de recourir, selon les circonstances et de la manière dont il l’entend, à la procédure électorale (le vote ou l’abstention), à la négociation sociale (le droit du travail), à l’opposition politique (partis, syndicats, associations), à l’arme du droit (tribunaux ordinaires, juridictions spécialisées, instances européennes), à la manifestation et à la grève, à l’expression publique et artistique, à des formes d’action non-violente (désobéissance civile, rassemblements, occupations) ou à certains usages pacifiés de la violence

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Summary

Albert Ogien

Centre d’étude des mouvements sociaux, Institut Marcel Mauss Correspondence Address: 190-198 Avenue de France, Paris, France 75013. Une des raisons qui ont dissuadé les pouvoirs d’intervenir est le fait que ces mouvements ont, dès leur origine, ostensiblement affiché leur engagement en faveur de la non violence. Se faire réellement entendre des gouvernements et des puissants réclamait désormais de recourir à des actions menaçant directement et matériellement leur pouvoir ; pour d’autres, la non-violence était la seule garantie de l’enracinement et du développement d’un mouvement dont l’objet n’avait jamais été d’entrer dans un rapport de force avec les autorités, mais de faire entendre la voix ignorée des citoyens et d’exiger un changement radical dans la manière dont les affaires publiques sont conduites. C’est cette question du rapport entre violence et politique que les débats qui ont eu lieu dans les rassemblements et les occupations ont eu à affronter et à résoudre de façon pratique

De la violence en politique
Le spectre des usages de la violence
La rationalité politique de la non violence
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