Abstract

La mobilité économique des individus au XIX ème siècle reste peu connue. L’article examine cette question par une étude du groupe des électeurs censitaires parisiens des années 1840. Différentes sources sont appariées entre elles afin de suivre dans le temps les trajectoires des membres de ce groupe particulièrement riche et politiquement important. L’analyse porte tant sur la mobilité à court terme que sur celle à long terme. La mobilité à court terme est observée grâce à un appariement des individus qui apparaissent dans les listes électorales des années 1845 et 1846. Ces listes contiennent les informations sur les impôts directs acquittés par les électeurs. La mobilité à long terme est révélée par une exploitation des Tables parisiennes des successions et absences (TSA) des années 1845 à 1859. Ces tables contiennent des informations sur la richesse au décès des individus. Étant donné que la structure du cens électoral – lequel est fondé sur les impôts directs – diffère de celle de la richesse, l’article examine dans quelle mesure ces deux variables sont comparables entre elles puis explore la question de la représentation politique de la richesse. Malgré la différence de définition entre cens électoral et richesse, les données permettent de mettre en évidence des corrélations cohérentes entre ces deux variables au cours du temps. De plus, tant à court terme qu’à long terme, la mobilité économique s’avère élevée. 14 % des individus changent de quintile entre 1845 et 1846, ce qui est considérable pour une période d’un an. S’agissant de la mobilité à long terme, 65 % des individus changent de quintile entre 1845 et l’année de leur décès. L’ensemble de ces résultats soulève de sérieuses questions quant à l’idée, longtemps admise, d’une élite ploutocratique dont les membres constitueraient un groupe stable.

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