Abstract

Le 1er mars 1925, 80 000 hommes se rassemblent à Nantes (Loire-Inférieure) à l’appel de leur évêque, Eugène Le Fer de la Motte, un prélat de combat. Cette manifestation de masse sans précédent est exemplaire d’une mobilisation catholique visant à protester contre les projets laïques du Cartel des gauches (1924-1926), réunissant radicaux et socialistes. Ce réveil des catholiques va concerner notamment l’Ouest et en particulier le territoire de la Vendée militaire. Celui-ci, limitrophe de la capitale des ducs, correspond à la zone insurgée en 1793, une « région-mémoire ». La période voit l’invention de la manifestation catholique de masse orchestrée par la Fédération nationale catholique (FNC) du général de Castelnau, soutenue activement par la hiérarchie catholique française. Durant la période du Cartel, les catholiques tiennent le devant de la scène en investissant en nombre l’espace urbain provincial comme leurs lieux de mémoire. Ces événements sont l’objet d’une quasi-amnésie, y compris de la part des catholiques français, mais ils signifient que l’occupation de la rue par ceux-ci n’a pas débuté en 1984 et encore moins en 2012-2013 ni en 2019, contrairement à ce qui a pu être dit et écrit.

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