Abstract

Dans la recherche scientifique sur les origines de la vie, la frontière entre l’inerte et le vivant se conçoit de façon graduelle et il existe des entités ayant un degré de vie variable. Afin d’explorer cette transition, des chercheurs du Laboratoire de biochimie de l’ESPCI Paris fabriquent des prototypes de systèmes vivants supposés s’inscrire dans une progression vers la vie. Ces artefacts que l’auteur propose d’appeler protovies incarnent les conceptions de la vie de leurs créateurs et influencent en retour ces dernières par la manifestation de leurs propriétés, imbriquant processus techniques et processus vitaux. Un projet en particulier mobilise la technique de la microfluidique en gouttelettes pour mettre au point une protovie engagée dans une modélisation expérimentale de la transition de l’inerte au vivant. Par la production de gouttes d’eau microscopiques assimilées à des protocellules, les chercheurs imitent des cellules biologiques. L’établissement d’une population interconnectée de ces gouttes dans une dynamique de sélection naturelle aboutit alors à une modélisation de la vie selon les critères retenus. Au fur et à mesure des assemblages techniques, des résultats empiriques, des analyses et des discussions, les chercheurs perçoivent une élévation du degré de vie de leurs artefacts dans un exercice constant d’interprétation des propriétés émergentes du système. L’ethnographie mobilisée est l’aboutissement d’une observation participante menée par un scientifique du même laboratoire engagé dans un projet réflexif anthropologique. La recherche sur les origines de la vie et la synthèse de protovies gagnent à être resituées dans les contextes déterminants de cultures épistémologiques propres aux communautés scientifiques impliquées.

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